Un miroir pour 3 visages
Brobeck Jean-Paul
Les formats d’enregistrement des photographies numériques :

Enregistrer en RAW

Parmi les questions qui reviennent régulièrement, il y a celles qui concernent les formats d’enregistrement des appareils numériques. Si de la plupart des appareils proposent le format JPEG, il en est d’autres qui proposent d’enregistrer en TIFF ou RAW.
C’est ce dernier format qui fait l’objet du plus grand nombre d’interrogations. Pour la plupart des photographes occasionnels, les formats d’enregistrement différent par leur taux de compression et à première vue, il en est bien ainsi. Pour cela il suffit de lire la quantité de mémoire que requiert l’enregistrement de la photo. Par voie de conséquence une carte mémoire peut enregistrer bien plus de photographies en JPEG que dans tout autre format. Mais la réalité est tout autre et mérite que l’on étudie le problème plus en détail.

Je vous propose de prendre un exemple à titre pédagogique.

Prenons un appareil qui enregistre des photographies à 5 millions de pixels (5MPX).

Le capteur de cet appareil enregistre comme tous les capteurs sur les 3 couches RVB (rouge – vert – bleu). Ce capteur enregistre donc 5 millions d’informations par couche soit un total de 15 MPX. La photographie brute « pèse » donc 15 mégapixels. Sur une carte mémoire courante de 512 méga vous pouvez donc enregistrer 34 photos. S’il est vrai que le prix des cartes mémoires baisse régulièrement, il faut bien constater que les premières cartes étaient très chères et ne proposaient en général que 16 méga de mémoire. Sans compression, une telle carte vous permettrait d’enregistrer 1 seule photographie. Cette remarque reste d’actualité quand on regarde la capacité ridicule des cartes fournies lors de l’achat d’un appareil. Il faut impérativement en acheter une autre plus grande.
Il a donc fallut trouver un système de compression qui permette de réduire l’espace de mémoire nécessaire à l’enregistrement.
Le plus connu est le JPEG (Joint Photographic Expert Group). Ce format comprend des algorithmes qui ont été étudiés de façon à tenir compte des éléments essentiels utiles à la vision. Il permet de compresser fortement la taille du fichier. Mais toute compression entraîne immanquablement des pertes de données et l’apparition de ce que l’on désigne par les mots artefacts c’est-à-dire des phénomènes perturbateurs liés à la compression.

Le format JPEG permet d’enregistrer correctement des données pour une photographie à usage familial. Quand vous donnez vos cartes mémoires à imprimer sur un minilab chez le photographe, celui n’a que peu de marge de manœuvre. Il peut jouer sur l’accentuation de la netteté et sur la correction des couleurs (luminosité et saturation) Mais une fois enregistrée en JPEG, la photographie est pratiquement figée. On ne peut plus revenir sur les différents paramètres et l’on estime qu’au moins 80% des informations sont perdues. Si vous demandez un second tirage, la photo sera au mieux identique à la première.

LE FORMAT RAW

Le mot RAW (prononcez roo) signifie « cru » ; nous dirons brut de décoffrage. Le format RAW enregistre la totalité des informations. Par voie de conséquence, c’est un format qui exige une grande quantité de mémoire donc des cartes mémoires de grosses capacités. Mais le format RAW présente surtout l’avantage de constituer un véritable « négatif numérique ». A l’époque des films argentiques, quand on ratait un tirage, on pouvait en refaire un autre en modifiant les paramètres. (luminosité, contraste…). Avec le format RAW, il est possible de revenir autant de fois qu’on le souhaite sur certains réglages comme la balance des blancs, la luminosité, la saturation, la netteté enfin presque tous les réglages à l’exception des mises au point totalement ratées, et des erreurs de choix de vitesse ayant pour conséquence des flous de bougé.
Des essais ont démontré que si l’idéal restera toujours une mesure de luminosité aussi précise que possible, le format RAW permet de rattraper des écarts de plusieurs diaphragmes. Il en est de même pour la balance des blancs qui permet rectifier à postériori l’ambiance générale de la photographie.

Le format RAW semble donc être une sorte de panacée dès lors que l’on accepte d’utiliser des cartes mémoires de grande capacité et des durées de traitements plus longues. Chaque photographie en format RAW doit être développée et ne peut être utilisée directement.

MAIS

Chaque médaille a son revers et le format RAW a également le sien. En effet, les fabricants d’appareils proposent chacun leur propre format RAW (NEF pour Nikon, CR2 pour Canon…) et l’on recense pas loin d’une centaine de formats RAW. Ceci oblige chaque fabricant à fournir un logiciel de « dérawtisation » adapté et l’on peut trouver sur les forums des discussions partisanes. Heureusement Adobe Photoshop ( version CS2/CS3 et CS4) a eu la bonne idée de proposer CAMERA RAW : un excellent plug in qui permet de lire presque tous les formats RAW.

L'AVENIR


L’avenir dépend des options des fabricants. La tendance actuelle est à la lutte des prix pour une diminution du prix des boîtiers et certains n’hésitent pas à carrément supprimer le format RAW. Acheter un tel boîtier c’est, à mon avis, se mettre sur une voie de garage car l’expérience montre que le photographe devient de plus en plus exigeant. On aurait donc pu s’attendre logiquement à la réaction contraire et que tous les bridges et réflex soient systématiquement proposés avec un format RAW.
L’autre problème concerne la multiplicité des formats RAW déjà évoquée. Le risque de regroupement des marques (ex Minolta devenu Sonny, ex Pentax devenu Samsung) pose le problème de l’exploitation des formats RAW. En effet, le format RAW est dépendant de la marque. Qu’arrivera-t-il si la marque disparaît ?
C’est pourquoi Adobe propose un format qui serait une plate- forme commune à toutes les marques. Il s’agit du format DNG (Digital Négativ). Adobe espère que les fabricants adopteront ce format pour l’enregistrement des fichiers RAW et l’on peut même espérer que dans un proche avenir, le format DNG soit directement proposé sur les appareils.

Adobe fournit son Digital Negativ Converter en téléchargement gratuit. En convertissant les formats Raw actuels en DNG on peut espérer disposer d’un format déchiffrable dans les futures années.

Si vous considérez qu’un seul et unique format d’enregistrer des données brutes est bénéfique, je vous encourage à signer la pétition DNG sur le site

www.rawformat.com

Travailler en JPEG c'est commander un camion de sable, en prendre 2 pelletés et de dire, vous pouvez emporter le reste


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