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La chose la plus difficile.
Le passage à lan 2000 a provoqué des flots de commentaires, des tas de réflexions, des peurs aussi. Le fameux bogue a mobilisé des foules de techniciens et coûté des sommes colossales.
Loin de moi, les querelles qui ont pour objet de savoir si le passage à lan 2000 marque lavènement dun nouveau siècle et dun nouveau millénaire. Force est de constater que les hommes restent sensibles à la magie des nombres et que lon a su exploiter commercialement lévénement.
En fin de chaque année, il est de tradition de se retourner, de dresser le bilan. En décembre 1999, la chose a pris de limportance, car cest sur un siècle voire sur tout un millénaire que lon sinterroge.
Il convient à chacun détablir le classement des événements en fonction des priorités quil aura définies. Pour ma part, jessaie de rester objectif et je noublie pas que si le passé récent nous a offert une multitude dinventions et de progrès, il a aussi été le théâtre datrocités proprement inhumaines. Rester objectif nest dailleurs quune simple vue de lesprit. Car dès que lon observe, dès que lon analyse, nous entrons de pleins pieds dans la subjectivité.
Il convient toutefois, sans fermer les yeux sur ce qui nous dérange, de diriger notre regard, cest-à-dire de faire un choix, et cest en toute conscience que je donne la priorité à tout ce qui a permis à lhumanité de progresser.
Nous sommes passés de lépoque du moine copiste à limprimerie, pour aboutir finalement à Internet, cette immense toile qui diffuse instantanément lactualité. Il semble désormais difficile docculter une information pour en tirer un quelconque avantage.
Nous sommes passés de lépoque des tabous lancés sur notre organisme lui-même, au décryptage de notre génome.
Nous avions du mal à nous rendre à lautre bout de la France, et voilà que nous dirigeons des robots sur Mars.
Finalement, nous avons tué les distances, nous avons relativisé le temps, nous avons sondé la matière, nous avons découvert les briques fondamentales qui constituent notre univers.
Je reste profondément admiratif devant la puissance de lesprit humain et je vous propose une image pour illustrer mon propos.
Venez, suivez-moi dans mon jardin. Observez le puceron, là-bas, sur la tige du rosier. Imaginez que ce puceron possède une conscience et quil sait quil est assis sur la tige dun rosier, que ce rosier se trouve dans un jardin, Le jardin est situé dans la banlieue dune grande ville, ville qui appartient à une région dun pays et que ce pays est situé en Europe. LEurope nest dailleurs quun continent de la Terre qui nest elle-même quune planète du système solaire ... De quoi avoir le vertige !
Mais repartons dans lautre sens. Notre puceron a découvert quil possède un organisme, que cet organisme est constitué de cellules, elles-mêmes formées de molécules, que ces molécules sont le regroupement datomes et que ces atomes à leur tour sont constitués de ...
Le vertige nous reprend.
Puceron, tu nous renvoies à notre propre nature. Perdus quelque part entre deux infinis.
Voilà bien le miracle de lesprit. Est-ce là, la partie divine que nous portons en nous-mêmes ?
Et pourtant, même un miracle ne supporte pas lépreuve du temps. À la longue, on shabitue et tout finit par devenir normal. On ne sétonne plus de pouvoir communiquer avec lAutre qui vit là-bas, de lautre côté de la Terre. On ne sétonne plus de pouvoir observer des images qui nous viennent des tréfonds de lunivers, et les secrets de linfiniment petit nous sont devenus familiers.
Chaque jour apporte son lot de nouvelles découvertes. Chaque jour, lHomme acquiert des pouvoirs considérables et pourtant, il existe une chose dont je dirais quelle est la plus difficile du Monde :
Garder les pieds sur Terre et la tête sur ses épaules !
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